dimanche 29 avril 2018

La retraite et les bobos

Mon conjoint des 40 dernières années est retraité depuis presque 4 mois. Quant à moi, je travaille de la maison depuis quelques années.

Les plus optimistes d'entre nous vous diront que telle situation nécessite certains ajustements...On appelle ça des jovialistes! De façon réaliste, la vie devient un mélange de gestion de crises et de sommets diplomatiques.

Tout au long de notre vie de parents-travailleurs, nous avions chacun un espace de vie où nous pouvions nous éloigner l'un de l'autre assez longtemps pour avoir envie de passer du temps ensemble, avant de nous éloigner de nouveau. Heureusement! Mis-à-part l'évidence, je crois que ces années ont fortement contribué à la longévité de notre couple.

Par exemple: je déteste les matins...au moins autant que les humains matinaux. Avant, tel que notre horaire le permettait, mon conjoint me réveillait au moment de quitter pour le travail. Je pouvais donc m'adonner à mes rituels qui incluent TOUJOURS me couler un délicieux latte et le déguster avec mon air du matin (baboune et cheveux pas coiffés), en lisant les nouvelles sur ma tablette, en pyjama. Malheur à quiconque ose me jeter un regard avant ces deux étapes franchies.

Lui, il saute dans ses culottes en sortant du lit et s'attend à ce que j'agrémente sa journée de retraité d'un quelconque projet domestique qui nécessite toujours que j'y apporte les détails et-ou le déroulement-dénouement. Soupirs ++++++

Par crainte d'une guerre nucléaire, j'ai juré de me brocher la langue au palais quand il participe à l'élaboration d'une tâche "qui m'était jadis dévolue". Je pratique alors le renforcement positif et j'accepte tacitement ou autrement que la taille des ingrédients pour une recette donnée ne soit pas calibrée au millimètre près.

Mes repas de la journée pourraient consister en: 1 café et deux repas de toasts, assise dans mon fauteuil et je m'en porterais très bien pour un bon bout. Mon conjoint est plutôt du type: "il est midi, il faut dîner"!

Selon lui, il faut faire les courses de la journée tôt en après-midi. Pour moi, "si les épiceries ferment à vingt heures, il doit bien y avoir une bonne raison".

Devant ce constat, nous avons, depuis peu, décrété une zone démilitarisée dans la maison. Elle est située entre le comptoir et la sécheuse dans la salle d'eau.

C'est à la faveur de cette nouvelle proximité que j'ai décelé les premières plaques d'eczéma.


lundi 9 avril 2018

L'école déboulonnée.




Lorsque mon fils aîné a commencé sa première année en anglais en Colombie-Britannique, j'avoue avoir ressenti un sentiment de panique. Mon fils est francophone, il ne connaît que quelques mots en anglais et je m'apprête à l'expliquer à sa future prof lorsqu'elle me dit: "madame, j'aurai plus ou moins 8 ethnies différentes la première journée de classe, et, dans quelques semaines, ils converseront tous en anglais...Apprenez-lui à exprimer ses besoins de base et laissez le groupe faire le reste." Et elle avait raison !

Jadis, l'école c'était simple: on se présentait en classe selon l'horaire établi, on écoutait le professeur, on étudiait souvent par coeur et on obtenait un résultat calculé selon le nombre de fautes.
Quand on était malcommodes, on allait dans le coin. On n'allait pas réfléchir dans le coin...on allait dans le coin, à genoux. Est-ce qu'on s'en plaignait à nos parents ? Non! Est-ce que nos parents pensaient que c'était la faute du professeur si on avait de mauvaises notes? Non!
Est-ce que nos parents s'attendaient à des communications écrites ou verbales avec nos professeurs? Seulement au moment du bulletin.
Est-ce qu'il y avait de la compétition pour avoir les meilleurs résultats? Oui. Est-ce qu'on était fiers d'avoir de bons résultats? Oui!
En plus, ça faisait même pas mal...

En langage scolaire et parental j'en déduis que notre attitude envers nos enfants nous conduit à leur éviter les situations que nous jugeons hors de leur portée.

Toutes les réformes scolaires flirtent avec une envie sourde de déresponsabilisation de l'élève, de sa capacité à absorber, à faire de son mieux, sans que son propre succès soit la défaite d'un collègue qui n'avance pas au même rythme.

L'école n'est pas la vie.
Le parcours scolaire, comme bien d'autres facteurs, détermine quelle sera la base sur laquelle nous bâtirons notre vie. Il n'y a pas qu'un seul chemin vers l'accomplissement de soi. Le vrai succès vient de notre volonté à faire de notre mieux, spécialement si personne ne regarde.
Prendre sa place ne veut pas dire voler celle d'un autre.
Il nous incombe dans la vie de trouver nos repères et non de suivre ceux des autres.
Notre bonheur en dépend.