Mes plus vieux souvenirs remontent au milieu des années soixante, avant que les cabanes à sucre ne deviennent des salles de réception.
Le concept d'alors était plutôt rudimentaire: soit tu connais quelqu'un qui a une cabane à sucre et qu'il ait envie d'accueillir une marmaille déjà trop énervée, qui allait en plus se bourrer de sucre...soit tu ne connaissais personne et tu te contentais des trop rares produits de fabrication artisanale qui étaient souvent conservés de façon tout aussi artisanale; un gallon de vin vide ou tout autre contenant de verre dont le fond finissait toujours par cristalliser, faute de méthode de conservation ou de manutention.
Chez nous, le "pain de sucre" remportait la palme. Papa le hachait au gros couteau avant de le déposer sur une tranche de pain frais maison et une dose de crème "d'habitant". Meeeenoum
Quand on étaient invités à la cabane à sucre, on s'y rendait en ski-doo, passer un après-midi en attendant de pouvoir "saucer la palette".¨(Je vous entends penser à toutes les allusions grivoises qui pourraient s'y rattacher mais il n'en est rien.)
La cabane elle-même était un endroit si petit qu'on s'y tenait debout la plupart du temps. Il y flottait une ambiance enfumée, bruyante et festive.
Au beau milieu de la place trônait un immense chaudron de fonte noir. On y faisait bouillir l'eau d'érable en entretenant un feu de bois sous le chaudron. Il en fallait du temps et des tests avant que le liquide épaississe en sirop. Munis d'une palette (cuillère de bois aplatie), on trempait le bout dans le liquide bouillant et on léchait ce qui en sortait, idéalement après l'avoir laissée refroidir un peu. Les plus salauds (mon père) en profitaient pour étamper la palette sur la joue d'un invité qui l'avait cherché. OUI c'était trop chaud! OUI c'était désagréable! Mais ça faisait partie de l'aventure.
Avant de déguster la tire sur la neige, se présentait un autre rituel, un peu...tribal !
On se rappelle du gros chaudron noir qui servait à faire bouillir l'eau d'érable...lorsqu'il était retiré du feu et refroidi, on frottait nos mains sur la suie du chaudron et on se précipitait sur la personne qui avait l'air trop propre et lui enduisait la face de suie. On n'y tenait pas vraiment donc on essayait d'y échapper...sans grand succès la plupart du temps.
Ça se terminait avec le soleil qui descendait, les joues rouges et l'envie d'y revenir !
Bon temps des sucres !
Crédit photo:Radio-Canada
Quels beaux souvenirs ! Tu devrais écrire des scénarios, des séries , c’est très intéressant et quelle belle façon de le faire !
RépondreSupprimerComme c’est gentil !
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